« Moi, je n’suis pas comme les autres ».
Bien sûr, car mon patrimoine génétique, fruit d’une double loterie, est unique : unique aussi l’aventure que j’ai vécue. Ce que j’ai en commun avec tous les autres est le pouvoir, à partir de ce que j’ai reçu, de participer à ma propre création.
Encore faut-il qu’on me laisse faire.
Merci, mes parents, dont l’ovule et le spermatozoïde contenaient toutes les recettes de fabrication des substances qui me constituent.
Merci, ma famille, pour la nourriture, la chaleur, l’affection, qui m’ont permis de grandir et de me structurer.
Merci, mes maîtres, qui m’ont transmis les connaissances lentement accumulées par l’humanité depuis qu’elle interroge l’univers.
Merci, vous qui m’avez aimé, de votre irremplaçable amour.
Mais c’est à moi d’achever l’ouvrage, à moi de poser la poutre faîtière.
Oubliez celui que vous auriez voulu que je sois. Je n’ai pas à réaliser le rêve que vous aviez fait pour moi ; ce serait trahir ma nature d’homme.
Pour que je sois vraiment un homme, vous me devez un dernier cadeau : la liberté de devenir celui que je choisis d’être.