SOFT SKILLS

Les soft skills, ou compétences comportementales, suscitent de plus en plus l’intérêt des organisations. Pour être recruté puis être performant au travail, les seules compétences techniques ne suffisent plus. Salariés, managers et dirigeants doivent développer des qualités non professionnelles techniques telles que la créativité ou l’empathie.

Dans les organisations, nous allons avoir besoin, plus que jamais, d’interdisciplinarité. Nous allons avoir besoin partout de collectifs toujours plus importants pour apprendre, travailler, découvrir, innover…

Selon le World Economic Forum (2018) l’évolution du monde du travail, notamment avec la robotisation, l’automatisation et l’intelligence artificielle, nous oblige à miser sur le capital humain, donc les soft skills. En France, en 2019, 8 méta-compétences en Management sont identifiées par la recherche universitaire pour le présent et le futur des professionnels ; elles sont également traversées par d’autres compétences communes, dites soft skills.

« A l’inverse des compétences techniques, il n’est pas possible de déléguer aux robots les compétences comportementales ». Jérôme Hoarau, co-auteur avec Fabrice Mauléon et Julien Bouret du Réflexe Soft skills (Dunod 2014), a une bonne nouvelle pour ceux qui craignent la robotisation de l’emploi. Les compétences comportementales, ou tout ce qui différencie un humain d’un robot, sont devenues centrales dans les recherches des recruteurs.

Jérôme Hoarau précise : « L’évolution du monde du travail, notamment avec la robotisation, l’automatisation et l’intelligence artificielle, nous oblige à miser sur le capital humain, donc les soft skills. » Les soft skills sont littéralement les « compétences douces », que les auteurs du livre préfèrent qualifier de « compétences comportementales, transversales et humaines ». Confiance en soi, créativité, intelligence émotionnelle… En somme, ce sont toutes ces qualités personnelles qui transforment un professionnel lambda en un collaborateur/manager/dirigeant efficace, agréable et entraînant pour le reste de l’équipe.

« Tout le monde a toutes les graines en potentiel, mais elles ont été plus ou moins arrosées en fonction du contexte social, familial, économique, explique Jérôme Hoarau. On peut donc développer et améliorer certaines de ces compétences comportementales en faisant comprendre aux personnes que chacun a le choix de changer ».

Comment acquiert-on la confiance en soi par exemple ? « Avec une stratégie des petits pas », indique Julien Bouret, co-auteur du Réflexe soft skills et coach en bien être professionnel. Essentielles, les compétences comportementales s’assimilent tout au long de la vie dans un processus lent que Julien Bouret compare à un entraînement sportif.

« J’utilise des techniques méditatives, de visualisation et de pensées positives pour la gestion du stress et pour développer la concentration. »

Pour les deux auteurs, les softs skills sont transversales, chacune ayant un impact sur l’autre. Impossible d’établir un classement au sens strict du terme. La liste proposée ci-dessous est réalisée à partir des deux listes proposées séparément par Jérôme Hoarau et Julien Bouret, ainsi qu’à partir du classement du World Economic Forum des soft skills à posséder en 2020.

1. La résolution des problèmes

« Dans un contexte de changement, les salariés doivent être orientés solution, être en mesure d’améliorer une situation ». Le World Economic Forum parle de résolution de problèmes complexes. On parle aussi de « prise de décision ». « Avec quelle décision est-on le plus à l’aise ? Si l’on assume une décision, on aura beaucoup plus de facilité à mener un projet, à emmener des gens avec soi. »

2. La confiance

« C’est à la fois la confiance en soi, pour faire face, mais aussi la confiance aux autres et la confiance en l’avenir ». Il est indispensable qu’un manager fasse confiance en impliquant ses équipes. « Les gens auront alors le sentiment d’être reconnus, d’avoir de la valeur ».

3. L’intelligence émotionnelle

Terme à la mode, l’intelligence émotionnelle ou la gestion des émotions, est le fait de « partir du postulat qu’il est possible de prendre du recul et identifier ses émotions et celles des autres afin de ne plus les subir ».

4. L’empathie

Très liée à la compétence précédente, l’empathie est le fait de « comprendre la réalité de l’autre ».

5. La communication

Pour faire passer le message que l’on souhaite faire passer, il faut « être précis, concis, clair ».

6. L’épanouissement dans le temps

Problème de notre époque, le temps. « On court beaucoup, on a du mal à s’organiser ». « Ce n’est pas au temps de nous gérer, mais à nous de gérer le temps. » Pour cela, « ne pas multiplier les tâches, ne pas subir le quotidien, et d’identifier les éléments qui font perdre du temps ». En tête, le téléphone portable sur lequel nous passons de plus en plus de temps.

7. La maîtrise du stress

« Il n’y a pas de bon stress, sauf si celui-ci est ponctuel ». « Il n’est pas normal d’être stressé chroniquement. Ça demande de l’énergie, donc ça fatigue. Le cerveau a alors plus de mal à prendre des décisions. Il devient alors plus difficile de travailler, d’être créatif, d’être confiant. »

8. La créativité

« Il s’agit surtout de créer des connections entre les choses, les idées, les gens, cela permet de faire émerger des innovations ».

9. L’esprit d’entreprendre

L’esprit d’entreprendre serait en tête de liste. « Car il implique d’être proactif, audacieux. C’est être dans une dynamique positive et être orienté solution plutôt que de râler. »

10. L’audace

« Il s’agit de la capacité à oser, l’audace est le fait de tenter quelque chose de nouveau, proposer des idées nouvelles ».

11. La motivation

« C’est à la fois trouver de la motivation, mais aussi donner de la motivation, s’entraîner à donner un sens à ce que l’on fait, comme quand on perd l’envie d’aller courir, mais que finalement on y va parce qu’on voit plus loin, on sait que ça va nous aérer, que c’est bon pour la santé, que c’est important pour surveiller son poids… » Pour se motiver il faut donc « donner un sens au delà de la tâche à effectuer. »

12. La vision

« La vision est la capacité à voir le chemin pour arriver à l’objectif ». « Il y a une notion de zoom et dézoom pour voir l’ensemble, mais aussi le particulier ». « Visualiser la réunion, les personnes présentes, sa prise de parole en se débarrassant des doutes et des craintes. »

13. La présence

« On passe un temps fou perdu dans nos pensées, ce qui est parfois important, mais il faut savoir être présent physiquement et mentalement ».

14. Le sens du collectif

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. »

15. La curiosité

« Elle permet à la fois d’apprendre de nouvelles choses, mais aussi d’apprendre des autres et de soi ».

Le réflexe soft skills, les compétence des leaders de demain, Fabrice Mauléon, Julien Bouret et Jérôme Hoarau, Ed. Dunod, 2014